La voie du milieu
Aujourd'hui, je vous écris un article un peu particulier puisqu'il ne traitera pas véritablement d'ésotérisme « classique ». En effet, et vous le savez, mes écrits sont essentiellement tournés vers la tradition hermétique, et la vie mystique. Ils sont donc majoritairement influencés par une énergie ascendante (l'évolution, la remontée). Mais dans la nature, il existe aussi une énergie descendante (l'involution, la descente). Que faire avec elle ? Comment la vivre sereinement sans sombrer dans le « côté obscur de la force » ? Voila la question que je vais soulever.
La force de l'involution :
Dans un premier temps, il est important de reconnaître que notre existence n'est pas uniquement motivé par une quête d’ascension lumineuse. Elle est aussi habité par une profonde force qui nous ancre ici-bas. C'est d'ailleurs en bonne partie grâce à cette dernière que l'incarnation dans la matière nous est possible. Cette force générant une énergie involutive doit, comme son inverse, être spiritualisé (c'est-à-dire faire partie intégrante de notre introspection dans le but de rétablir notre équilibre). De cette manière, il sera possible pour l'être humain de voir naître en lui la cohabitation pacifique des contraires (les « noces chymiques »). N'oubliez jamais que tout dans la nature est une histoire d'équilibre des forces !
Le diable :
L'involution est une force qui permet donc à l’énergie de descendre. Il faut noter que pendant sa descente dans les ténèbres, cette énergie se fragmente et s'agite de plus en plus. Plus l'agitation est forte plus il est complexe de trouver l'unité. Toute la symbolique du diable se trouve dans cette idée d'agitation. Ce mot provient du Grec ancien « diábolos » qui veut dire « qui désunit, qui inspire la haine ou l’envie ». On retrouve aussi le sens du Diable dans le « diabole » (de la littérature médiévale) qui signifie « l’éparpillement et la dispersion ». Le diable est séducteur, il induit la tentation et nous détourne du bon chemin (ce qui est bon pour nous). Il nous couvre de plaisir, d’opulence et nous endort grâce à cela.

L’œil de Sauron dans le "seigneur des anneaux" (trilogie de Peter Jackson)
Nous pouvons dire en résumé que tout ce qui nous coupe de notre équilibre intérieur et de notre harmonie avec la nature est, dans un sens, « diabolique ». Il faut user et non abuser, il faut chercher l'abondance et non l'opulence. A ce titre, tout est bon dans une bonne mesure et sans abus. Il faut donc apprendre à dompter nos pulsions, nos désirs de plaisir (parfois abusif), nos envies de pouvoir et de domination etc... Sans les renier ! (la encore, celui qui est sur un sentier de remontée cherche la « voie du milieu » en toute chose).
La part d'ombre :
Cette énergie d'involution crée en l'homme des tas de choses qu'il serait impossible de résumer en un pauvre petit article. Je vais néanmoins en peindre un portrait grossier afin que vous puissiez en comprendre le sens global. Le reste relève de votre propre expérience.
Ce qu'il faut observer, c'est que nous avons tous une part d'ombre. C'est-à-dire, un aspect de nous-même vivant sous l'influence de l'involution. Ce dernier est tourné vers l'expérience de la matière, le besoin de l'user, de l’éprouver. Cet aspect n'est ni « bon » ni « mauvais ». C'est l'homme qui, sous son influence et en fonction de ses actes, va en quelque sorte le définir et le connoter (je fais des raccourcis pour les besoins de l'article, j'espère néanmoins que vous comprendrez l'idée de fond). Cet aspect peut alors devenir « diabolique » si l'humain en abuse.

Le chevalier, la mort et le diable de Albrecht Dürer
Dans une quête d'équilibre et d'harmonie, il faut voir que cette énergie involutive nous permet d'avoir la force nécessaire de survire, de surmonter et de lutter quand il le faut etc... C'est donc une énergie importante pour notre voyage ici-bas. Elle conditionne une bonne partie de notre humanité et doit être domptée ! (et non rejetée ou abusée). Je l'appel « part d'ombre » puisqu'elle est souvent inhibée, fuit, mal comprise, enfoui etc... Mais elle peut retrouver ses vertus et sa noblesse si l'homme apprend à la connaître et la pacifier.
La bête intérieure :
Dans certaines écoles d'arts martiaux, on symbolise cette partie de nous-même par une « bête » qui doit être apprivoisée afin qu'elle puisse devenir un compagnon de route et non une ennemie que l'on combat éternellement en soi. C'est selon moi là que réside tout le sens symbolique et spirituel des arts martiaux.
Dans les vieilles traditions animistes, les jeunes guerriers qui avaient fait leurs preuves au combat (et/ou à la chasse) se voyaient attribuer un surnom souvent portant leur animal totem (symbolisant qu'à un certain niveau de conscience, la bête était domptée et pouvait être mis à profit pour l'équilibre et la survie de la tribu). On peut aussi parler de certains rites de passage qu'on trouve aussi dans les traditions païennes d'Europe etc...

La balance, symbole de l'harmonie et de l'équilibre
Dompter la bête, c'est clarifier notre part d'ombre. C'est accepter pleinement notre condition humaine. C'est trouver la juste mesure en toute chose et ne pas succomber aux charmes du « diabole ». Diables et Diablesses sont partout et nous détournent de notre route vers le sommet de la montagne sacrée. Mais celui qui a dompter la « bête » en lui se verra alors capable de tenir le « serpent » sans que ce dernier le morde ou ne s'échappe. C'est la voie du milieu...
G.Attewell
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