De l'importance des traditions
De nos jours, il est de bon ton de déconstruire les traditions. Parfois même, on les diaboliserait presque. Il est aussi constaté que les gardiens de ces dernières sont souvent perçus comme de vieux « réac' » plus du tout à la page. Des « has been » ennuyeux, parfois même pédants. En gros, même si je caricature cela, les traditions sont aujourd’hui rangées au musée. Que penser de tout ceci ?
Qu'est-ce qu'une tradition ?
Remontons d'abord aux racines du mot (comme j'aime tant le faire) ! « Tradition » nous vient du latin « traditio ». A l'origine de cette étymologie, on trouve le préfixe « trans » (au-delà, au-travers, etc), et le suffixe « dō » (donner, offrir, confier, remettre, etc). D'un seul coup, le sens du mot devient un peu plus clair ! Une tradition est un moyen de donner quelque chose par delà le temps, une façon de confier quelque chose au travers des âges ! Et concernant notre propos, nous parlons ici des traditions spirituelles ! C'est grâce aux traditions que le savoir de nos ancêtres a pu arriver jusqu'à nous. La tradition n'est donc pas juste une vieillerie à regarder avec mépris ou désintérêt, ou encore avec passion pour les choses de l'histoire ! Non ! C'est un véritable moyen de transmission, une manière de donner au futur ce que les anciens nous ont offert. A mon sens, cela appelle le respect.

Le Barde, détenteur des histoires, légendes et connaissances des peuples celtes.
Nous sommes en train de dire que des hommes et des femmes, issus du passé, ont cherché à nous passer un message (ou en tout les cas nous léguer un héritage). Ils et elles se sont efforcés de préserver leur savoir dans un système pouvant traverser le temps pour nous parler, ainsi qu'à nos générations futures. La tradition est donc la résonance des mémoires des anciens, elle est l'écho du savoir antique ! Et nous, humains modernes, civilisés, intelligents et soi-disant développés, nous voudrions nous en débarrasser, trouvant cela obsolète.
Bien entendu, vous aurez compris que je ne suis pas de cet avis. Je suis donc un défenseur des traditions, et surtout celles qui concernent la spiritualité, la mystique, et l’ésotérisme. Évidement, comme je ne peux pas être sur tout les fronts, j'ai fait un choix, celui de préserver intacte la voie qui m'a permis de parvenir en haut de la montagne. Mes pairs, qui eux aussi sont parvenus au sommet pour y rencontrer le secret des secrets, font de même. Il est clair pour moi que celui qui a percé les brumes des hauteurs pour y découvrir l'origine des mondes, celui-là comprend le pourquoi du silence, le pourquoi de l'indivulgable, la raison profonde et naturelle du secret. Mais il comprend aussi comment et pourquoi la connaissance se transmet. A ce moment-là, il pourra comprendre avec profondeur et humilité le sens du mot « tradition ».
Un chemin entretenu depuis le premier pèlerin :
Un jour, un homme rencontra l'éveil pour la première fois. Un jour, un être humain se fit toucher par la grâce de l'éternel. Puis un autre jour, il se mit à l’œuvre pour transmettre cette expérience. A partir de ce moment précis, la tradition va naître. Des disciples vont venir recevoir la connaissance du maître, et une fois celle-ci reçue, ils prendront la place de ce dernier pour transmettre à leur tour. Si la tradition perdure, le cycle ne s'arrête jamais. Mais bien plus important que cela ! Plus le cycle perdure dans le temps, plus il se renforce ! Il devient plus efficient, plus puissant ! Voilà pourquoi il est important de garder vivantes les traditions, voilà pourquoi il faut les protéger.
Les lignées travaillant au maintien d'une tradition, ce n'est pas juste une belle histoire ! Ce n'est pas juste un récit captivant qu'on se laisserait conter comme on écoute avec émerveillement un barde nous narrer une légende. C'est avant tout une réalité ! Une réalité qui rencontre bien des obstacles à notre époque, et ce, pour une raison qui me semble évidente : « la problématique de l'engagement ».

"La table ronde des pèlerins" de William Caxton
Le monde moderne est principalement gouverné par une temporalité court-termiste. Tout le monde veut tout, tout de suite, sans effort, et gratuitement. Voilà qui est aux antipodes du cheminement intérieur ! La quête du Graal demande un temps que vous ne pouvez pas définir, elle demande un effort considérable et un engagement sans faille. Et enfin, un certain investissement peut-être requis (en thérapie par exemple). Pour faire simple : « On a rien sans rien » ! Si le cherchant, aussi sincère soit-il, pense qu'il pourra dominer le temps, acquérir l'éveil, et ne rien payer (de quelque manière que ce soit), ce cherchant-là se fourre le doigt dans l’œil ! Mis à part certains cas d'illumination sauvage, l'humain doit se purger, se laver afin de retrouver sa transparence. Face à cette tâche, il ne peut que « faire » (dans le sens Gurdjieffien) et attendre humblement que la lumière passe à travers lui.
Au milieu de ce constat, la tradition apporte un avantage. Elle garantit au disciple que la Voie est ouverte et praticable, que des guides sont à sa disposition, et que si ce dernier s'engage avec ferveur, la lumière le trouvera.
Parlons de l'engagement :
La question de l'engagement est primordiale. C'est ce qui permettra au marcheur de rester sur la Voie (et ce malgré les embûches). Cet engagement doit être motivé par le cœur, c'est-à-dire le centre de l'être où gît son « fragment d'univers » qui est connecté à l'éternel. Même si cette dimension lui est encore voilée, il peut cependant en sentir l'influence grâce à ses intuitions, son instinct (et par bien d'autres moyens). Cet engagement n'est donc pas juste de la curiosité mentale, ce n'est pas non plus un phénomène de mode. Ce n'est pas une routine de bien-être et de bonne conscience. Non ! C'est avant tout un appel des profondeurs ! C'est un vent qui nous pousse, quasiment malgré nous, à « visiter l'intérieur de la terre » !
Cet engagement est finalement une évidence non révélée. Il s'installe dans notre vie et nous motive à prendre le large, à partir à l'aventure vers des horizons mystérieux ! L'engagement véritable nous aspire et ne se soumet pas au temps ! Il est un écho lointain d'une volonté qui nous dépasse tous, une volonté qui prend source en l'éternité. Il faut abandonner l'idée qu'une méthode vous permettra, « en temps voulu », de parvenir à ce qu'on appelle vulgairement l'éveil. Il faut trouver une Voie, et se laisser trouver par elle. Enfin, il faut s'y abandonner, s'y anéantir (au niveau du moi) pour voir s'opérer une dissolution de l'ego.
Pourquoi une Voie ?
Comme je le pense, et comme je l'ai déjà exprimé, plus les Voies sont anciennes, plus elles sont puissantes. Les Voies récentes ne sont pas pour autant inefficaces ! Ce qui compte dans tout ça, c'est de trouver « chaussure à son pied » (pour pouvoir marcher tranquillement sur les sentiers de la nature) !
La Voie, si elle est franche, véritable et sans mensonge, est fondée sur une expérience directe. Elle ne repose pas sur des théories bien ficelées. Elle est avant tout le fruit d'une expérience mystique ayant reliée son fondateur au divin. Cela veut dire que ce dernier est en « reliance » avec l'éternel. Il peut donc contacter l'unité sans effort quand il le désire (c'est assez complexe à décrire, mais disons ça comme ça...). A partir de ce moment-là, il est possible (si tel est le désir de la nature) de créer un moyen « mental » de transmettre la connaissance (mais bien entendu, il existe objectivement des tas d'autres manières de transmettre). Ce dernier sera teinté de l'expérience mystique, et donc, portera des traces de lumière qui éclaireront les marcheurs en chemin. Plus ce savoir sera vécu, éprouvé, et bien entendu transmis, plus il sera, comme je le disais, efficient. Cela fonctionne de la même manière qu'une nouvelle cognition qu'on utilisera beaucoup pour bien l’engrammer dans notre système nerveux !
Mais là encore, je me répète, pour que la Voie puisse être fructueuse pour le marcheur, il faut s'engager complètement, sans savoir pour combien de temps ni si cela fonctionnera. Cet engagement est bien particulier et nous en reparlerons probablement dans d'autres articles (afin de tenter d’affiner sa compréhension).

Transmission de maître à élève...
Oui, les traditions sont importantes, oui elles doivent perdurer pour continuer à transmettre leur savoir et leur connaissance. Il n'y a rien de plus à ajouter selon moi !
G.Attewell
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