Les trois feux mystiques
Quand le cœur s'ouvre et que l'être, par la grâce de l’éternel, retrouve le contact avec le « haut du ciel » (« Binah » ou « Saturne » pour les intimes) ; il se passe alors une nouvelle initiation. C'est le « retour de l'âme à Dieu » qui se fait par « trois feux mystiques ». Nous voilà donc dans un article orienté mysticisme ! Nous sortons un peu de l'ésotérisme pur, nous quittons la spiritualité « philosophique » pour se diriger vers le monde étrange de la mystique. Ce monde poétique et pour sur mystérieux, tente d’éveiller en nous les plus haut degrés de réalisation qu'il nous soit possible de vivre dans l'incarnation (dans la « chair »). Plongeons dans cette dimension mal connu, cette dimension qui nous amène au plus proche du divin.

La vision d'Ezekiel par Matthaeus Merian
Un langage religieux :
Dans cet article, j'emploierais un langage religieux Chrétien. Je dis « religieux » au sens étymologique du mot (pour ceux qui me suivent, vous devez vous en douter) ! Parlons déjà de ce point afin d'éclairer vos lanternes. Nous avons là deux racines latines connues :
Relegere : qui veut dire « rassembler ».
Religare : qui veut dire « relier »
Ces deux étymologies nous amènent dans tous les cas au même point final, c'est-à-dire la « reliance » avec Dieu. Il faudra en effet « rassembler ce qui qui est épars » pour enfin, dans et grâce à un tout unifié, retrouver le lien avec l'éternel. Voilà ce qu'est le discours originel des textes sacrés religieux ! Selon moi, toutes les interprétations de ces textes ne conduisant pas à « l'union avec Dieu dans sa chair » (c'est-à-dire l'éveil de la conscience de l'éternité en soi) sont des impasses.
Les religions sont actuellement corrompues par les forces de la « descente ». Elles ont perdu toutes vertus spirituelles, et ce, peut importe le courant (Islam, Chrétienté, Bouddhisme, etc). Cela est le fait des « mouvements de la Nature ». Les êtres marqués par les énergies descendantes ont fait leur œuvre en amenant l'humanité dans une expérience matérialiste paroxysmique. Ainsi, ce qui fut spiritualité a été pris d’assaut pour asseoir le pouvoir de la matérialité. Mais au départ, les religions n'étaient pas ce qu'on en voit aujourd'hui. Prenons l'exemple des trois grands courants les plus réputé qui sont le Christianisme, l'Islamisme et le Bouddhisme. Ils sont tous trois issus de l'expérience mystique d'un être humain. Jésus pour les Chrétiens, Mahomet pour les Musulmans, et Bouddha pour les Bouddhistes. Selon ce que je pense, ces trois personnes n'étaient pas uniquement des figures religieuses, des prophètes mystique et historique. Ils ont étés trois êtres incarnés ayant vécu une (ou des) expérience mystique les ayant complètement transformé. Nous pouvons dire alors, qu'à la suite de cette (ou ces) expérience, ils ont visiblement cherchés à transmettre la Connaissance acquise ! C'est la que commence les problèmes... Nous sommes là face à l'histoire, donc à l’impossibilité de savoir réellement comment la transmission de cette Connaissance s'est faite. Les textes sacrés sont une chose, mais quel fut la volonté réelle des prophètes ? Comment ont t-ils vraiment transmis ? Comment ont t-ils vraiment parlés ? Etc. Tout cela, il nous est impossible de le savoir. La seule chose qu'il nous possible de faire, est de tenter le même voyage qu'eux afin de retrouver la « trace de Dieu » en nous.

Adoration des mages, par Albrecht Altdorfer
Pour moi, la position est clair. Une voie spirituelle ne peut pas conduire l'humanité dans le diabole. Ainsi, si une religion ne produit pas de spiritualité, si elle n'aide pas les hommes à s'élever en conscience, elle ne sert à rien. Il est clair qu'aujourd'hui un ménage radical doit être fait au sein des institutions religieuses afin de leur permettre de retrouver au moins un soupçon de spiritualité ! Car pour le moment, nous assistons à une catastrophe. L'Islam et sa tradition mystique est aujourd'hui salie par des fous, des tueurs, des malades. Le Christianisme est passif, inactif, inutile car dirigé par des « religieux politicards » et non des gens spirituellement vertueux. Et nous apprenons, concernant le Bouddhisme, que l'argent est venu corrompre cette tradition merveilleuse. En résumé, le rouleau compresseur matérialiste à tout écrasé, et il ne reste plus rien de valable sur le plan exotérique. Il faut donc retourner vers « l'intérieur », vers l'ésotérisme, afin de reconstruire nos édifices saccagés. Alors nous pourrons refaire jaillir un peu de lumière à l'extérieur, et ainsi peu à peu rebâtir un exotérisme équilibré (et plus à même de guider l'humanité sur des sentiers spirituels, et ce, peut importe l'orientation).
Ainsi, quand je dis que j'emploierais un jargon religieux Chrétien, j'emploierais donc des mots avec un sens profondément spirituel et mystique. Et non un sens galvaudé comme celui qui est employé majoritairement aujourd'hui au sein de l'église. Ceci étant dis, continuons.
L'expérience de l'éternité ou, le sommet de la montagne sacrée :
Sur le chemin de « l'éveil » (oui, je me décide à utiliser ce mot de plus en plus. Peut être qu'ainsi il retrouvera ses titres de noblesses spirituels. Qui sait !) nous rencontrons des tas d'étapes, nous traversons tous plusieurs phases. En effet, « Rome ne fut pas faite toute en un jour » ! Ces étapes nous amènent tôt ou tard au pied de ce que je nomme « la montagne sacrée ». Au pied de cette montagne va démarrer l'ascension, le pèlerin va devoir la gravir pour atteindre son sommet. Sans trop en dire afin de ne pas dénaturer l'essence de ce voyage, je dirais juste qu'en haut se trouve la porte vers l'unité. Une fois là haut, l'être découvrira l'éternité et ses mystères. Et pour que cette découverte soit réalisable, il faudra que son cœur soit « accordé » afin de pouvoir recevoir et supporter les vibrations qui rayonnent à cet endroit (il est important de comprendre qu'en ce lieu, nous sommes très proche du Dieu ; et si nous ne sommes pas prêt pour cette rencontre, nous pouvons en mourir physiquement et/ou psychiquement. Les vibrations de la Nature en cet endroit sont extrêmement puissantes).
Au sommet, une seule posture est possible : « la contemplation ». On ne peut faire autre chose que contempler (et cette phrase est finalement un moyen bien maigre de traduire ce qu'il se passe en l'unité). Je pourrais juste résumer tout cela en ne disant qu'un seul mot : « contemplation ». Lors de cette contemplation (qui œuvre par le processus de méditation), nous allons nous consumer ; les vibrations des sommets vont littéralement brûler ce que nous sommes. Cela peut sembler horrible, apeurant ! Mais en réalité, ne brûle que ce qui obstrue la venu de Dieu en notre cœur. Nous ne périssons pas par les flammes, nous nous purifions. L'action divine, sa grâce par laquelle il nous guérit, est donc comparable à un feu (ce qui finalement est très proche de la conception Alchimique de la chose).
Les trois feux mystiques :
Je parle de « trois feux » car l'opération de « retour de l'âme à Dieu » se passe en trois étapes. Ce sont là les « trois avènements du Christ en l'âme » tel que l'écrivait Ruysbroek l'admirable. Nous pourrions employer trois termes pour les qualifier : « purification, illumination et union ».
Le premier feu, la purification, est un feu ardent, douloureux car c'est notre premier rapport avec cette opération divine. L'être doit s'habituer à cette force, il doit s'acclimater à recevoir cette puissance en lui. Ainsi, ce premier feu est difficile, mais il est bien évidement libérateur. Il nous lave, nous nettoie totalement des impuretés qui nous empêchent de rentrer pleinement en l'unité. Ruysborek nous dit : « … il attire l'homme avec toutes ses puissances en haut... Car cet avènement émeut chez l'homme la partie inférieure et y agit ; il faut, en effet, qu'elle soir purifiée, ornée, enflammée et entraînée vers le dedans ». Le second feu, l'illumination, est plus doux. Il repose, apaise et prépare l'être à demeurer en l'unité. Il peut se décrire par un sentiment profond d'abandon. Le mot abandon vient de l'expression de l'ancien français « mettre à bandon », c'est-à-dire « laisser au pouvoir » de quelqu'un, de quelque chose, etc. Dieu nous fait perdre l'attache aux formes et prend le « pouvoir », il devient le « seigneur » (et nous lui laissons ce rôle). Notons alors les paroles de Ruysbroek qui nous dit : « … Il (Dieu) s'y montre plus semblable à ce qu'il est en lui-même... Cet exercice, ce degré d'existence est plus élevé, il atteint à une plus haute ressemblance avec Dieu... ». Le troisième feu, l'union, est un feu indescriptible, il est l’œuvre suprême de Dieu en l'être. L'être purifié, illuminé et demeurant en l'unité, détaché de toutes ses formes, va devenir lumière. Voilà ce que Ryusbroek nous en dit : « Cet avènement porte au degré d'existence le plus haut et le plus profond qui soit dans la vie intérieure. C'est par là que, de maintes façons, l'unité de l'esprit reçoit son ornement ».

Début de l'évangile selon Saint jean
C'est ainsi qu'il nous sera possible de comprendre le sens biblique de ce qu'est un « témoin de la lumière ». Alors nous pourrons lire et entendre l'évangile selon Saint Jean d'une autre manière lorsqu'il dit : « Il y eut un homme, envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui ; non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière » (évangile selon Saint Jean, chapitre 1, versets 1 à 8).
Ce qu'il faut comprendre dans ces propos est que l'éveil, tel qu'on nous l'explique souvent aujourd'hui, n'est pas une fin. Ce n'est pas le point d'arrivé ou tout s’arrête. Une fois que la conscience atteint le haut du ciel, il nous reste encore beaucoup de choses à apprendre. Cet apprentissage est en réalité infini. Celui qui se dit éveillé n'est peut être pas ce qu'il pense être. Parfois même, celui qui ne dit rien est plus éveillé que celui qui le clame à haute voix. Je pense pour ma part que une fois parvenue à cette étape, c'est-à-dire au sommet de la montagne, mieux vaut se taire. Le silence est le témoignage le plus juste que l'on puisse faire de Dieu. Nous pouvons discuter de la voie, mais pas de ce qu'elle nous révèle. Si nous le faisons, si nous parlons de trop, trop fort, et avec trop d'aplomb, nous tuons l'essence même de ce que Dieu nous à permit de découvrir. Plus nous cherchons à expliquer nos expériences, à les décrire, à les exprimer, plus nous nous en éloignons. A terme, il est même possible de perdre le contact avec le divin. Ce que je dis là est bien entendu un point de vu personnel. Nous sommes tous libre de vivre la chose comme on l'entend. Mais mon constat aujourd'hui est que le silence permet de conserver en nous le « don de Dieu ». « Le silence est d'or » et l'or est amour, lumière divine ! C'est bel et bien dans ce silence que l'éternel exprime toute sa magnificence qui ne peut être décrite. Suivons les sages paroles de Saint Denys l'Aréopagite qui nous disait : « S'il advient que, voyant Dieu, on comprenne ce qu'on voit, c'est qu'on n'a pas vu Dieu lui-même, mais quelqu'une de ces choses connaissables qui lui doivent l'être ».

L'épiphanie, les trois rois mages suivent l'étoile du nord
Si vous suivez cette voie qu'est celle qui conduit en haut de la montagne, sachez être présent tout en étant discret. Sachez aider, épauler ceux qui cherchent sans pour autant leur dévoiler la route. Il faut savoir que derrière les postures de « maître » se cache trop souvent des volontés égotiques qui bafouent la parole de Dieu. Sur ce chemin, je pense que le vrai maître est celui qui ne sait pas qu'il en est un. Terminons cet article par le premier ver du poème mystique « De la vive flamme d'amour » de Saint Jean De La Croix : « Ô vive flamme d'amour. Comme vous me blessez avec tendresse ; Dans le centre le plus profond de mon âme ! Puisque vous ne me causez plus de chagrin ; Achevez votre œuvre, si vous le voulez bien. Déchirez la toile qui s'oppose à notre douce rencontre ». Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter à tous de bonne fêtes de fin d'année, un joyeux noël avant tout puisqu'il arrivera en premier ! L'étoile du nord va nous montrer le chemin de la remonté, celle du retour vers l'unité ! Comme le disait le Christ : « Allez en paix » !
G.Attewell
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