Je t'aime, moi non plus
Il est de bon goût, aujourd'hui, de tenter vainement de réunir science et ésotérisme soit via des théories métaphysiques tordues, soit via des concepts « New-age » complètement brumeux. Sans dire que je déteste la métaphysique (ce qui serait vous mentir), sans dire non plus que le New-age est une abomination de l'époque (ce que je ne pense pas, même si je ne porte pas le New-age spécialement dans mon cœur), je dis en revanche qu'il est grand temps d'apporter mon point de vu sur ces deux personnages qui depuis trop longtemps se disputent pour rien du tout ! Parlons donc de ce couple caractériel qui est celui de la science moderne et de l'ésotérisme.

Qu'est-ce que la science ?
La science moderne est une affaire de raison, de choses rationnelles, mesurables, expérimentables « exotériquement ». C'est une technique, une méthode basée sur l'observable concret, le matériel. Tout ce qui ne relève pas de cela n'est pas « scientifique ». Aussi, celui qui apporte une théorie non prouvée, ne sera considéré que si il amène tôt ou tard des preuves matérielles, observables par tous, de ce qu'il a avancé. Pourquoi ? Parce que le but est de produire des méthodes qui ont pour effet de fabriquer des choses dans la matière. Voilà ce qu'est la science aujourd'hui. C'est une méthode de production de savoir dans le but de créer des choses matérialisable dans le monde des hommes. Bien entendu, je fais ici un résumé bien réducteur de la chose. C'est le format article qui me l'impose ! De plus, je parle bien de « science moderne », et non juste de science en terme général. La science possède une longue histoire vaste et complexe que je vous invites à découvrir par vous-même, pour votre culture personnelle (car je ne prendrais pas le temps de le faire dans ce papier) !
La « méthode expérimentale » utilisée par la science moderne, et que nous connaissons tous, est basée sur la méthode dite « hypothético-déductive » qui est le fruit du travail philosophique d'un Alchimiste du XXIIIème siècle, Roger Bacon (la bonne blague ! bien réelle cependant) ! Et oui ! C'est un Alchimiste que l'on considère encore aujourd'hui comme étant l'un des pères de la science moderne ! C'est en 1267, dans son ouvrage « De Scientia experimentali » que l'ami Bacon (aussi surnommé « doctor mirabilis ») va proposer cela. Cette approche consiste à émettre une hypothèse, d'en recueillir des données, puis de tester les résultats obtenus pour appuyer voir confirmer l'hypothèse de départ, ou alors la réfuter partiellement ou complètement. En résumé, on émet une idée construite, bien échafaudé, on la test via des expériences pour obtenir des résultats nous permettant d'extirper des donnés que l'on va collecter. On en tire ensuite des conclusions auxquels on va refaire subir le même traitement jusqu'à observer si on obtient des résultats identiques récurrents et fonctionnels ou non. Si après plusieurs tour de pistes (en usant de la méthode) les résultats sont toujours les mêmes, on peut alors avancer vers la confirmation que l'idée est efficiente (que l'hypothèse est juste). Ainsi, un savoir peut être produit. Si ce n'est pas concluant, on abandonne et on fait autre chose, on cherche une autre idée !
Voici comment il est possible de vulgariser la science moderne afin que tout le monde comprenne bien le propos. Cependant, il est a noté que cette « méthode expérimentale » bien connu et défendu aujourd’hui ne se repose pas uniquement sur cette vision (il existe bon nombre de méthodes qui l'habille, comme par exemple la méthode inductive, ou encore la « théorie ancrée » aussi nommée « recherche enracinée », etc). En bref, et vous l'aurez compris, la science se base sur ce qu'elle voit, et ne considère comme vrai et fonctionnel que ce qui a passé le test de la méthode expérimentale. Tout le reste ne vaut rien sur le plan scientifique. Ainsi, en tant que scientifique, on peut adhérer à une idée, être séduit par des concepts ésotériques, etc ; mais tant que tout cela n'a pas produit de résultats concluant (en usant de la méthode), le scientifique ne se prononcera pas et ne considérera pas la chose. Il n'y a pas de jugement moral à avoir la dessus, c'est une visions des choses ! Et c'est grâce à celle-ci que notre monde moderne a pu voir le jour et améliorer notre quotidien. Ne l'oublions pas !

Roger Bacon
Qu'est-ce que l'ésotérisme :
D'une certaine manière, il est possible de considérer que l’ésotérisme à toujours existé. Depuis que les premiers hommes ont vécus des expériences intérieures, l'ésotérisme est présent puisqu'il est le savoir produit par le biais de ces expériences intimes et mystiques. En effet, là est le vrai ésotérisme selon moi. C'est un savoir de nature philosophique, symbolique, spirituel et que sais-je encore, né sur la base d'une expérience intérieure mystique (en d'autres termes purement magique). En général, celui qui est sur un sentier spirituel et qui cherche en lui, dans le cœur des choses ; celui-là porte un regard particulier sur la Nature (qu'elle soit matérielle, onirique, microscopique ou macroscopique, etc). Ce regard l'amène à vivre des expériences directes de l'ordre de la révélation, de l'inspiration (voir plus mystique encore), etc. Les traces de ces expériences laisses dans le mental des informations qui si mis en forme, structurés, peuvent produire du savoir. Ce savoir n'a pas forcement pour but de se trouver opératif dans la matière ; très souvent, il est opératif sur le plan philosophique et mystique. Néanmoins, certaines révélations inspirent les hommes à produire du savoir à base ésotérique capable de donner des résultats concrets dans la matière (comme l’Alchimie par exemple).
L’ésotérisme est donc tout le savoir produit par l'homme sur la base de ce qui a émergé en lui via des expériences intérieures. Dans un monde comme le notre, il n'est pas simple de « faire valoir » ce mode de fonctionnement de l'être humain puisqu'il se fait systématiquement torpiller par son présumé « opposé » qui est la science moderne (je devrait dire plus précisément la zététique, le scientisme).
Des croyances, encore et toujours des croyances :
En réalité, l'un comme l'autre, science et ésotérisme, ne sont finalement que des croyances (choisis ou non, conscientes ou non) offrant à l'être intéressé une vision particulière de la Nature. L'une est rationnelle, l'autre pas du tout, mais au bout du compte, rien ne les oppose à la base. Choisir de croire en une vision du monde magique, ésotérique, etc ; n'est pas plus idiot que de choisir l'inverse en optant pour un mode de croyances scientifiques. Et si j’insiste sur le fait que ces deux protagonistes sont en réalité des façons de vivre la Nature, c'est bel et bien parce que ni l'un ni l'autre ne possède le monopole de l'objectivité ! Ainsi, il est tout aussi idiot de les opposer, comme de chercher à les unifier ! Dans la Nature, chaque chose est sa place pour une bonne raison qu'il nous est impossible de saisir en intégralité, cependant, l'efficience de la Nature est bien réelle ! Plutôt que de savoir qui est le plus « fort » entre ces deux choses là, ou bien de tenter vainement de les réunir, il serait plus judicieux de commencer par accepter les choses tel qu'elles sont. C'est-à-dire accepter la dualité inconciliable et pourtant efficiente, accepter ce paradoxe qui se loge dans tout et partout dans la Nature (pour clarifier ce point, je vous invite à lire cet article intitulé : « Le paradoxe ontologique de la Nature »).
Si la science dit : « nous avons suffisamment de preuves pour conclure que ça marche comme ça », rien ne prouve pour autant que ça marchera comme ça le lendemain. De la même façon, ce n'est parce que vous allez vous investir sur une voie ésotérique que celle-ci va illuminer votre conscience. La réalité, dans toute sa nudité la plus insupportable, nous dit une seule chose capitale : « on ne sait rien ». Nous voilà alors confronté à un vide très difficile à endurer, une vacuité qui nous semble inanimée et complètement inconcevable. Pourquoi ? Parce que nous sommes humain, et que nous avons besoin de croire. Il n'y a aucun mal à cela ! C'est inhérent à notre condition ! Ainsi, la science est une croyance, une croyance qui nous pousse à nous imaginer qu'une somme de preuves peut déterminer ce qui est, et ce qui n'est pas. En définitive, nous avons beau croire que les choses sont ce qu'elles sont parce que nous les avons expliqués rationnellement, rien n'empêche qu'un événement imprévu et incalculable vienne compromettre cette pensé. Quant à l'ésotérisme, lui, a beau être le fruit d'expériences mystiques de certains, rien ne nous dit qu'il parviendra à illuminer certains autres (afin de mieux comprendre mon point de vu sur les croyances, je vous invites à lire l'article « Croire pour voir ? Ou voir pour croire »).
Alors nous croyons, nous ne pouvons que faire cela au départ. Ce n'est qu’après un travail intense sur sa condition humaine qu'il devient possible de dire « oui » au réel, en acceptant ce vide si contraignant pour notre « tête ». C'est dans l'absence d'idéologies que nous pouvons commencer à percevoir un semblant de réalité. C'est lorsque l'on quitte le connu, le rassurant, le convainquant, l'habitude, les certitudes, le besoin de se remplir de choses pour se sentir exister. Finalement, c'est quand tout s’effondre que le réel apparaît véritablement, et je conçois que cela ne soit pas confortable (mais derrière cet effondrement se cache une vie que nous ne pouvons pas soupçonner) !

Le maître Hermès Trismégiste
Chaque chose à sa place :
Ainsi, comme je l'ai déjà dit, cessons d'opposer science moderne et ésotérisme. Cessons de vouloir aussi les unifier. Laissons les être ce qu'ils sont, laissons les nous apporter ce qu'ils ont à nous apporter. Laissons les vivres tel que la Nature, dans son imperceptible intelligence, les a conçu. Cantonnons nous de cueillir leurs essences, leur beauté, et ce qu'ils peuvent nous apporter de mieux pour que l'humain puisse vivre épanoui dans sa vie et dans son cœur.
En conclusion, je dirais une chose très simple. Renouons le dialogue, mais cessons de vouloir convaincre. Le but n'est pas de savoir qui a raison, le but est de jouir des deux arts afin de récolter leur efficiences ! Si l’ésotérisme peut inspirer la science par un dialogue entre les deux, l'inverse est aussi possible. Voilà ce qui est selon moi le plus favorable pour ces deux énergumènes ! La zététique n'a pas à combattre l’ésotérisme, et l'ésotérisme n'a pas à évangéliser le rationalisme ! Ce sont des chemins menant à des visions différentes de la Nature, mais complémentaire ! Si nous marchons sur un sentier d'équilibre, alors nous ferions mieux de sortir des dogmes et des idéologies pour échanger entre nous, et faire avancer le monde.
G.Attewell
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