Vers une vision paradoxale de la Nature
Tout dans la Nature est régi par ce que je nomme « le paradoxe ontologique de la Nature ». Dans l'univers, ce paradoxe s'exprime symboliquement par le biais de la dualité, c'est-à-dire de deux forces contraires s’opposant. Cette opposition des deux forces crée une tension naturelle qui permet l'équilibre dans tout, partout, à chaque instant, etc. A sa base, intrinsèquement, cette tension opère en harmonie ; mais la Nature offrant le libre arbitre, celle-ci peut-être altérée. Ainsi, certaines choses en la Nature peuvent compromettre cet équilibre, cet « ordre naturel ».
Je vais donc ici parler de comment et pourquoi il est important de développer une vision du monde (et de soi-même) paisiblement paradoxale. Et comment celle-ci peut permettre, sans effort et par essence, d'aider grandement l'humain à vivre en harmonie avec la Nature (Bien entendu, et comme à chaque fois, ne voyez pas en mes paroles une vérité absolue. Je suis un éternel cherchant, un éternel étudiant, ainsi je ne peux qu'humblement soumettre le fruit de mes recherches et réflexions).

Les "luminaires" symboles des contraires
Un petit point sur le libre arbitre :
Bien que l'équilibre se justifie par une interminable succession de déséquilibres résolus perpétuellement par la Nature, le libre arbitre, lui, de par ce qu'il propose à ce qui vient s'incarner ici-bas, permet de « choisir » de ne pas contribuer à cela. Ainsi, ce qui possède une conscience, donc une reconnaissance active de son « Moi », de sa condition, peut faire le « choix » de « rester en dehors » de cet équilibre. C'est alors que je pense que l'homme peut ainsi refuser, de quelque manière que ce soit, de respecter l'ordre naturel.
Si l'on adhère à cette idée, on comprend que l'homme peut s'extraire symboliquement de la Nature pour se vivre uniquement depuis l'ego. Ce faisant, il n'est plus concerné par la condition humaine (ni par la condition de l'univers). Le libre arbitre est donc, là encore, une question qu'il faut approcher avec un angle de vue paradoxal si l'on veut pouvoir en jouir sereinement, tout en restant inséré et accepté par l'ordre actif et inhérent de la Nature.
Toute chose qui est en rupture avec l'ordre naturel contracte des problèmes psychiques et physiques (Cela rend la vie dure... On meurt que trop rarement de sa « belle mort » en suivant ce genre de route). A l'inverse, si on s'adapte à l'ordre naturel, si l'on suit son sens, ses volontés (etc), tout en conservant la capacité de s'en extraire parfois (pour des raisons expérientielles concernant l'intimité de chacun), nous pouvons alors profiter d'une vie accompagnée par la grâce (ou le « vent cosmique » comme le disait Jean Dubuis). Selon ce que je pense, l'être humain doit donc impérativement trouver ce point d'équilibre entre respect de la volonté du divin, et libre arbitre. Il existe alors une balance qui demandera à être constamment équilibrée à bonne mesure.
Réguler la balance en l'homme :
Pour devenir capable de réguler cette balance en nous-même, rien de tel qu'un bon vieux travail sur soi ! Celui qui ne se connaît pas ne peut pas trouver ce juste équilibre, continuant dans ce sens, il ne peut donc pas contribuer à maintenir l'équilibre de la Nature en général. L'être humain doit donc impérativement travailler sur lui-même afin de retrouver son autonomie, sa capacité à s'occuper de lui-même, par lui-même, pour lui-même, etc.
Cette bonne balance interne n'a pas de liens directs avec le monde des hommes (Je dis bien « pas de lien direct ». Cela veut donc dire qu'il en existe, mais ils sont subtils et très difficiles à discuter). Elle n'a pas de liens directs avec la société et ses mœurs. Elle est avant toute chose calibrée sur ce que nous sommes de plus profond, et dans le but de maintenir notre homéostasie.

Le triangle de Penrose
Maintenir l'équilibre du monde :
Une fois que ce travail sur soi est accompli, une fois que la balance interne de l'homme est enfin régulée à chaque instant par sa faculté d'adaptation ; alors, à ce moment-là, l'homme peut prétendre aider la Nature à maintenir son équilibre. Pas avant !
L'être équilibré sait reconnaître les déséquilibres dans le monde, il sait alors lesquels il peut réguler, et ceux pour lesquels il sera totalement impuissant (il laissera alors un autre faire ce que lui ne sait pas faire). Savoir cela est une force, une réelle qualité ! C'est reconnaître ses particularités et ses limites, c'est savoir ce que je peux faire, et ce que je ne peux pas faire (seul le travail sur soi permet d'en arriver là) ! C'est alors un pas énorme vers la sagesse.
Ainsi, l'être humain connaissant, se connaissant, peut alors marcher dans le monde sereinement, en pleine conscience de tout, car en équilibre. On peut alors véritablement parler « d’alignement », d'être « aligné » (expression souvent employée dans la sphère du développement personnel). C'est alors qu'il va pouvoir voir ses yeux s'ouvrir sur un nouveau « mode de perception », un nouveau paradigme. Un mode de perception unitaire et paradoxal.
La vision paradoxale :
Ce champs de vision est totale. Il accepte perfection et imperfection, il accepte et transcende les contraires. Il comprend que tout est systémique et que tout dépend de ce qui « est », que tout varie en fonction de l'instant, que rien n'est sûr et que les certitudes n'existent pas. La vision paradoxale ne penche pas pour un camp, pour une solution, pour un avis, etc. Elle est multifactorielle et rend cognitivement possible la cartographie de cette « multifactorialité ».
Grâce à cette vision des choses, l'homme comprend que rien est figé, que tout bouge et qu'on a besoin de tout pour équilibrer le monde. Ainsi, on réinvestit la morale non pas en fonction d'une doxa, mais en fonction des besoins de la Nature (besoins que l'être devient capable de percevoir). La vie rend service au vivant, non uniquement à l'ego de l'humanité. Voilà en maigre résumé ce que permet la vision paradoxale des choses.
La régulation par échelles :
Pour illustrer cela, voici un exemple. Dans un espace/temps, nous avons un écoulement temporel dans un cadre donné. Cet écoulement temporel peut schématiquement se fragmenter de la plus petite unité temporelle à la plus grande. Dans chacune de ces unités qui s'écoulent s'exprime en temps réel ce « paradoxe ontologique de la nature ».
Chaque être humain perçoit le temps à des échelles temporelles variables en fonction de tas de facteurs qui seront impossible à définir ici. Cela permet au temps d'être perçu à chaque instant par une vie ou plusieurs (je centre ici l'exemple volontairement sur le règne des hommes). Chaque fois que l'homme perçoit un moment de ce temps qui s'écoule, il perçoit alors une partie du réel dans l'espace dans lequel il se trouve. Si dans cet espace/temps un déséquilibre se manifeste, l’être sera alors capable de s'en rendre compte et d'agir de manière adaptée.
L'action adaptée dans le but de réguler l'équilibre n'est pas forcément celle moralement admise. Elle n'est pas spécifiquement centrée sur une solution unique (parfois oui, mais la encore, rien est fixe) ! Aussi, celui qui ne voit le monde que dans un sens ne peut concevoir la manière la plus adaptée de réguler un déséquilibre. Par exemple, en politique, la logique des partis est d'une non efficience certaine ! La nature des problèmes change, bouge, se transforme tout le temps ; ainsi, voter pour un parti unique qui œuvrera en fonction d'une ligne figée ne peut résoudre efficacement les soucis d'un pays. Il faut un système capable de se mouvoir comme le fait la nature. Il faut un système capable de travailler en opposition harmonieuse, avec des oppositions lucides, afin de s'ouvrir aux solutions multifactorielles systémiques (et non unilatérales).

Les Noces Chymiques illustré par le Mutus Liber
Celui qui ne comprend pas, qui ne conçoit pas que la Nature possède ontologiquement ce mode de fonctionnement paradoxal ; celui-la ne peut alors que vivre dans une vision étriquée de la réalité (et son cheminement spirituel fera de même). Dans cet article, je désirais soulever ce point, je souhaitais expliciter sommairement comment et pourquoi il est important d'ouvrir son champs de perception le plus largement possible (et ce notamment grâce au travail sur soi). Tout est une question d'équilibre, et pour le réguler comme il se doit, le paradoxe en est la clef !
G.Attewell
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