La Chevalerie Initiatique
La Chevalerie, la guerre, le combat, l'art de se battre pour la paix, pour protéger la vie, pour faire en sorte que le vivant puisse suivre son court comme l'eau qui toujours doit trouver son chemin, voilà de quoi nous allons parler ici. Mais est-il seulement possible que cela puisse prendre une teinte spirituelle ? Avons nous, en occident, un « art martial » qui lui aussi contient son lot de spiritualité comme c'est le cas au Japon, en Chine, mais aussi par exemple en Russie ou ailleurs ? Et bien oui ! Et pour bien comprendre cela, je désire introduire cet article en citant Saint Augustin qui écrivait en son temps : « Nous devons vouloir la paix et ne faire la guerre que par nécessité, afin que Dieu nous délivre de cette nécessité et nous conserve dans la paix. Car on ne cherche pas la paix pour exciter la guerre, mais on fait la guerre pour obtenir la paix » (Augustin d'Hippone - Ad Bonifacium, Epist. 205).
Cette citation nous permet de nous rendre compte que de nos jours, nous ne combattons plus pour ces « raisons » somme toute bien plus spirituelles que celles qui ont court dans l'actuel monde des hommes. Or, il y a bien eu une vision spirituelle de la guerre, et il y a bien eu ce que l'on a appelé un jour : « La Chevalerie Initiatique ».

Combat de Gauvain et de Segurade
Qu'est-ce qu'un Chevalier :
Pour expliquer, de mon point de vue en tout cas, ce qu'est un Chevalier (et ce, non uniquement de façon historique), il va me falloir allier plusieurs manières de percevoir la chose. La première façon de regarder ce qu'est un Chevalier, c'est de pencher très naturellement vers l'histoire et ce qu'elle nous raconte.
Au moyen-âge, le Chevalier était un guerrier, et qui plus est, un guerrier à cheval ! Le Chevalier était au service de son suzerain (selon la loi féodale). Il répondait à un code d'honneur (et selon moi grandement inspiré des vertus Chrétiennes, et des vestiges des valeurs Celtes). Il se devait de défendre « les faibles et les opprimés », d'ordre général, il défendait le peuple, protégeait la cité, et partait à la guerre si il le fallait (historiquement, les idéaux de Chevalerie ont été popularisés dans la littérature médiévale, particulièrement par les cycles littéraires connus sous le nom de Matière de France ou Cycle carolingien concernant les compagnons légendaires de Charlemagne et la Matière de Bretagne notamment les légendes du Roi Arthur).
Nous avons là un homme de cœur, de vertus, d'honneur et de courage, qui met ses armes et son destrier au service de la paix (et ce, contrairement à ce que l'on pourrait bien penser). Et comme il existe des exceptions, on trouvera toujours des exemples infirmant ces vœux profonds (parlons-nous alors symboliquement de Chevalier noir ? Allez savoir...). Mais il n'en reste pas moins que ces derniers sont le fondement de l'âme du Chevalier.
Le Chevalier sert donc le bien, l'équilibre, et il cherche aussi sa propre réalisation via ses prouesses (de toutes natures, c'est-à-dire qu'elles soient physiques, guerrières, mais aussi morales, spirituelles, etc) au travers desquels il va découvrir son « Soi », sa véritable identité, authenticité (etc). Ce n'est donc pas juste un combattant au service d'un seigneur, c'est aussi un homme au service de la Nature et de Dieu.

Knight, par Arkiniano
La quête de Soi du Chevalier :
« Le Chevalier Doré, au début de sa quête, se fixe pour but « d'éprouver sa prouesse » afin de connaître ce qu'il « vaut ». C'est ainsi seulement qu'il espère parvenir à pouvoir révéler, à autrui comme à lui-même, la valeur et l'identité de son nom, qu'il fait d’abord vœu de tenir caché. Il s'agit d'une exigence de vérité et d'authenticité, car seul l'éclat des hauts faits qu'il se montrera à même de réaliser pourra permettre de découvrir, de prouver et d'affirmer son identité glorieuse de fils de roi. Celle-ci, au début, n'est « qu'en puissance » et doit passer « à l'acte », à travers l'expérience d'une transformation de soi-même, ou si l'on préfère, d'un accomplissement de ses potentialités « dorées » : l'or du matin de l'adoubement doit devenir le rayonnement solaire et royal du plein midi » (Préface de Gérard de Sorval à l'histoire du « Chevalier Doré »).
Les grands romans de Chevalerie nous racontent, tous sans exception, la réalisation du « Soi » (par l'idéal Chevaleresque), la quête de sens qui pousse le Chevalier à découvrir sa véritable essence, sa nature profonde. Ceux-là se trouvent à la croisé de la sagesse Celtique et Chrétienne, plutôt emblématique de la période spirituellement la plus belle du moyen-âge (celle qui ne fut pas encore totalement entachée par l'envie de pouvoir et de domination qui grandira par la suite). Des romans de « Perceforest » (qui perce « les mystères de la forêt »), aux romans du Graal (qui mènent à la coupe/cœur réceptacle de l'essence des choses), tout ces récits nous contes les histoires de braves et vaillants Chevaliers partant en quête, traversant des contrés magiques, bravant des épreuves toutes initiatiques, croisant la route de créatures extraordinaires bienfaisantes ou malveillantes, etc. Tout ceci, sur le plan symbolique, nous amenant à découvrir un chemin, une voie de réalisation de soi-même.

Le Chevalier doré du compte de Perceforest
Toutes ces histoires sont accompagnées d'un point capital : « la fin' amor », c'est-à-dire l'amour courtois (cet amour qui unifie le féminin et le masculin dans le respect, l'honnêteté, en vue d'un bonheur certains, bonheur lié au fait que l'être qui poursuit sa « fin amour » trouvera ce lien fondamental anéantissant la tension dualiste qui l'habite, et rejoindra alors le bonheur, qui est celui appartenant à l'état d'unité). Ainsi, dans toute quête Chevaleresque, nous y trouverons la Dame, symbole du féminin, qui aidera le Chevalier, mais qui elle aussi devra traverser des épreuves (afin d'accomplir le féminin de l'être qui lui aussi demande à être épanoui).
Nous pourrons entre autre découvrir cela grâce à l'histoire de « Floriant et Florete » qui déjà, sur le plan étymologique, et revisitée à l'aune de la langue des oiseaux, pourra nous donner une indication importante sur la nature de ces deux protagonistes. « Floriant » provient du latin « floreus » qui veut dire « fleuri », c'est-à-dire la fleur qui s'est ouverte et qui offre sa beauté au monde. Nous sommes là dans l'acte « masculin sacré » de force qui se déploie avec harmonie dans la nature. « Florete » provient du latin « flos » qui veut dire « fleur ». Nous parlons donc de la fleur en tant que tel. Qu'est ce que cela veut donc dire ? Nous voyons que Floriant et Florete sont complémentaire, si elle est la fleur, il est la force qui va « l'épouser ». Les deux polarités de la nature ne cherchent qu'à se marier, s'entrelacer dans l'amour (en tout cas, si l'on marche sur un sentier d'ascension spirituelle, et non d'involution extrême poussant à la fragmentation, à la séparation).
L'aventure Chevaleresque :
Le chemin est parsemé d’embûches, mais aussi de découvertes merveilleuses. Le Chevalier va devoir user de la force, mais aussi de la sagesse. Il va devoir retrouver sa part féminine pour s'unifier en lui afin de retrouver son essence grâce à laquelle il triomphera de tout les combats. Ainsi nous pouvons dire que le Chevalier est animé par l'Amour et non la haine. Mais il devra aussi maîtriser son masculin afin de ne pas sombrer dans la noirceur (souvent représentée par « le Chevalier noir »).
Nous voyons bien que la Chevalerie initiatique (même si je résume grossièrement la chose), n'est pas juste de belles histoires imaginaire que l'on se raconte encore, c'est au contraire un cheminement bien réel qui se fait dans notre monde intérieur, mais aussi dans notre monde matériel. Si nous trouvons de nos jours que le mariage est une chose bien désuète, elle représentait pour nos ancêtres du moyen-âge un acte d'unification spirituel très important (pourvu que celui-ci n'était pas encrassé par les besoins du pouvoir matérialiste qui lui ne se souciait que très peu de cela).

Viggo Mortensen interprétant Aragorn dans la trilogie du seigneur des anneaux mise au cinéma par Peter Jackson
Un exemple plus récent :
Enfin et pour finir, prenons l'exemple du héro des romans de J.R.R.Tolkien, « Aragorn », fils du roi « Arathorn ». Aragorn est présenté comme un héro errant, un rôdeur. Pourtant, sa destiné finale sera de devenir roi. Pour cela, il traversera une grande aventure, affrontera de nombreuses épreuves jusqu'au moment ou il assumera sa vrai nature (royale, donc solaire). Il éprouvera un amour prétendument impossible avec Arwen (fille d'Elrond, le seigneur elfe). On découvrira aussi qu'Arwen devra elle aussi traverser de nombreuses épreuves pour assumer son rôle au sein de cette histoire.
A la fin de tout ceci, l'amour supposé impossible prendra vie entre Aragorn et Arwen. Aragorn deviendra roi des hommes. Nos deux amants, par leur union enfin assumé, réunifieront les peuples de la terre du milieu et apporteront la paix.

Aragorn et Arwen, par Alan Lee
Nous pourrions en dire long sur la Chevalerie, et nous pourrions faire encore de nombreuses comparaisons avec des tas d’œuvres « d'heroic fantasy ». Ce qui importe le plus, c'est l'esprit qui anime ce chemin, celui du Chevalier. Un chemin vers « Soi » mais aussi un chemin vers la paix, l'amour, et l'unité en nous-même, et au sein du monde. « Passavant li meillor » !
G.Attewell
Liens des images:
http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/04_3_3.htm
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http://immaginidivenezia.centerblog.net/2925-arwen-et-aragorn
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